Sciences et curiosités à la Cour de Versailles

Exposition du 26 octobre 2010 au 27 février 2011

Le mot de Béatrix Saule, commissaire de l’exposition

Voici une exposition qui va, sans nul doute, donner une nouvelle image de Versailles. Elle s’attache en effet à en révéler un aspect inattendu, celui d’un lieu au travail, et non entièrement voué à l’oisiveté ; celui encore d’un espace de responsabilité, conscient des enjeux de la recherche scientifique ; celui enfin d’une société où, à côté du « bel esprit » tant prisé, le « sérieux et instruit » trouve une place.

Force est de reconnaître que les mémorialistes ne se sont guère appliqués à souligner cet aspect, livrant tout au plus un indice au détour d’une page. Pour passer des indices aux preuves, c’est à l’étude des lieux même, lieux de savoir et d’expérimentation offerts par la résidence royale, c’est à celle des hommes, notamment à travers les états des charges, et c’est à celle des faits, bien consignés par les gazettes, qu’il faut s’en remettre. Alors, la présence des sciences et des techniques surgit, sous de multiples formes. Encore doit-on en évaluer la portée : s’agit-il d’une « vraie » science ou d’une « science des marquises » selon l’expression de Bachelard ? Et comment la montrer ?

Afin d’explorer un tel sujet, encore neuf, situé au carrefour de nombreuses disciplines, le Centre de recherche du château de Versailles a confié à Antoine Picon et Thomas Widemann, la direction d’un programme qui offrit, durant trois ans, une première confrontation entre historiens de Versailles et historiens des sciences.

Une étroite collaboration s’est ensuite établie avec les grandes institutions héritières des fondations royales, dont l’aide précieuse du personnel scientifique et la générosité des prêts – vraiment extraordinaires – ont permis la réalisation de ce projet. Enfin, de multiples rencontres entre les plus grands spécialistes et le commissariat, sous la houlette de Catherine Arminjon, ont encore apporté de nouvelles informations, validant les orientations et les choix d’œuvres, d’instruments et de documents.

Quant à la muséographie, confiée à Frédéric Beauclair, elle se devait d’intégrer dans un même ensemble témoins authentiques, allant de l’humble croquis au chef-d’œuvre, et procédés modernes, voire expérimentaux – le sujet même l’exigeait – pour évoquer, expliquer, reconstituer expériences et lieux disparus.

Tous ces travaux ont révélé un sujet d’une richesse insoupçonnée. Ainsi cette mosaïque de lieux, d’hommes et de faits que présente Sciences et curiosités à la cour de Versailles dont chacun des chapitres pourrait faire l’objet d’une exposition à part entière doit-elle être perçue, non comme une conclusion mais comme une ouverture vers de nouvelles recherches.

Béatrix Saule

Commissaire de l’exposition