DÉCLARATION D’INDÉPENDANCE
DU CANADA FRANÇAIS 

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L’INDÉPENDANCE, LA PARTITION OU LA MORT !

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« Rien à espérer tant que les Français seront

maîtres du Canada »

Benjamin Franklin

« Je l’ai mis au point de tout voir sans rien

croire »

Tartuffe, de Molière

« Dans cette guerre à mort, ce qui est en cause,

c’est l’identité culturelle  de nos nations[1]. »

François Mitterrand

« Qu’un peuple tombe en esclavage, s’il  tient sa

sa langue, il tient la clef qui des chaînes le délivrera »

Fréderic Mistral

L’Indépendance du Canada français, est une histoire héroïque de survie, la sienne et celle d’une Civilisation française. Une civilisation d’harmonie, et non de violence, qu’il a voulu à tout prix préserver en Amérique du nord depuis cinq siècles. Une civilisation dont il est aujourd’hui le Peuple témoin principal dans une guerre invisible, une guerre sans nom, une guerre planétaire sans merci, dénoncée par les deux derniers grands présidents de la République française, à la fin de leur vie : le Général de Gaulle et François Mitterrand qui la stigmatisa comme « une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparente, et pourtant une guerre à mort 1 ».

Nul ne saurait comprendre le refus obstiné opposé à l’Indépendance de cette « nation française, morceau de notre peuple qui se manifeste aujourd’hui au Canada et prétend être reconnue et traitée comme telle[2] », s’il ne situe ce refus dans le cadre de cette guerre culturelle à mort, seule capable d’expliquer l’inextricable verrouillage de la marche à l’indépendance du Canada français et d’en tirer la solution.

Cette guerre culturelle sans nom est faite d’actions psychologiques ciblées, paralysant l’esprit et les centres de décision. En elle, tout est langage de terreur, de séduction et d’aveuglement. Ses armes insoupçonnables sont à base de  mots et d’images choc, de danses et de sons enchantés, entrainant ses victimes à leur perte à l’image du célèbre joueur de flûte de Hamelin transposé dans la flûte enchantée de Mozart. Autre image de son procédé d’illusionnisme, quatorze ans après la prise de Québec, en 1773, lors de la célèbre ‘tea party’ de Boston. Celle des « Fils de la Liberté », jetant le thé à la mer déguisés en indiens Mohawhs objet de terreur à l’époque, qui en donne une saisissante caricature pour enfants. C’est une guerre de Représentation truquée plongeant dans un monde irréel, une Guerre d’aveuglement mettant les peuples dans le noir pour asseoir un système de pouvoir culturel d’un nouveau type, né avec la conquête du Nouveau monde et comme l’Humanité n’en a jamais connu. C’est son travail secret dans la société française qui paralysa et aveugla, jadis, le gouvernement de Versailles le poussant en toute déraison, d’abord à abandonner les « quelques arpents de neige » du Canada, ensuite à ruiner ses finances et ses hommes au service des ennemis de la Nouvelle France. Ce résultat a été obtenu par l’enchantement de Benjamin Frankin, père fondateur des États-Unis, ami de Voltaire et auteur du fameux cri de guerre anti-français : «  Rien à espérer tant que les Français seront maîtres du Canada ». Cette Guerre de Représentation, aveuglante et paralysante, est la grille de lecture de Haute politique sans laquelle nul ne saurait comprendre un seul mot de cette histoire invisible en cours d’écriture. Rendre enfin visible cette Guerre de Civilisation sans nom et rendre possible l’Indépendance du Canada français, sont une seule et même chose. C’est sa position unique de Peuple acteur de la première heure ; de Peuple résistant ensuite traité par l’occupant comme une nation barbare sans gouvernement régulier et sans lois[3] ; de Peuple héroïque enfin en quête de Liberté ; qui fait du Peuple canadien français – à la charnière de l’Ancien monde et du Nouveau monde – le révélateur inestimable de cette guerre déclarée contre l’intelligence, la culture et la Civilisation européenne. Civilisation dont la France porte le modèle suprême depuis plus de trois siècles, et dont les héritiers de la Nouvelle France portent seuls aujourd’hui les couleurs en Amérique. Peuple témoin d’un combat de géants qui a su vaincre en restant fidèle à sa devise « Je me souviens ».

À l’évidence, c’est en prenant conscience de sa noblesse et de l’enjeu universel de Civilisation qu’il porta avec tant d’endurance, d’héroïsme et d’intelligence, pendant cinq siècles, que ce Peuple français d’Amérique triomphera de l’aveuglement et gagnera sa guerre de survie, qui est sa raison d’être, de la Civilisation contre la Barbarie. C’est ainsi qu’il arrachera à ceux qui n’ont cessé de viser à son anéantissement son dû : cette indépendance accordée à toutes les autres colonies britanniques et refusée à lui seul, pour un motif inavouable de domination universelle.

PRÉAMBULE

Le Grand défi

Le défi lancé à la Liberté, à la Justice et à la Démocratie, par l’étonnante situation coloniale du Canada français, dernière colonie britannique d’Amérique du nord, plus de deux siècles après l’émancipation des États-Unis, cinquante ans après la décolonisation de l’Afrique et de l’Asie, apparaît, à l’heure du printemps arabe, comme un scandale insoutenable pour la conscience internationale et comme une énigme insupportable pour l’intelligence.

Au-delà des frontières du Québec, cet assujettissement d’un autre âge, masqué sous les dépouilles despotiques de vieilles armoiries surannées, interpelle la France et l’ensemble des peuples civilisés appelés à mettre un terme à une forme d’oppression barbare, injuste et intolérable, qui n’a que trop duré. La résolution d’un tel défi, à la Justice et à l’Intelligence, ne saurait être abandonnée plus longtemps au seul héroïsme du Peuple canadien français auquel la couronne d’Angleterre s’obstine à refuser l’Indépendance comme elle le fit jadis aux 13 colonies d’Amérique, aux Indes et à l’Irlande notamment. Aussi, le moment est-il venu, pour la France et la Communauté internationale, d’aider à libérer la dernière colonie anglaise d’Amérique. L’Indépendance des États-Unis doit tout à la France. La France doit tout au Canada français. Les États-Unis, débiteurs de la France, ne sauraient s’opposer à l’indépendance du Canada Français, ni aucune nation souveraine. L’indépendance va de soi.

Mais pour répondre à un tel défi de Liberté et d’Indépendance, si anachronique en apparence, encore faudra-il faire litière de toute vision naïve de l’accession à l’indépendance. Au-delà du scandale de son refus par les Britanniques, son obtention passe par la résolution d’une énigme mise en évidence par une série de faits paradoxaux à expliquer. Comment les États-Unis d’un million d’habitants seulement ont-ils pu ravir la première place à la France, sa co-fondatrice. Comment sont-ils parvenus à dominer l’Ancien et le Nouveau monde, en deux siècles à peine ? Pourquoi la Liberté accordée à tous, et dont les États-Unis se sont fait les porte-paroles planétaires, est-elle obstinément refusée au seul Peuple franco-canadien ? Pour quelle raison, en dépit du soutien décisif de la France à la libération des États-Unis, la Nouvelle France qui couvrait l’ensemble de l’Amérique du Nord en a-t-elle été violemment chassée, et son reliquat du Canada asservi en colonie anglaise ? Pourquoi le peuple héroïque des découvreurs et fondateurs de la Nouvelle France – qui a tout découvert, tout préparé et tout édifié au Canada, avec ses alliés Amérindiens – se voit-il encore traité en paria de deuxième catégorie dans sa propre patrie, en dépit de sa résistance séculaire et en tout violation du Droit moderne, à l’heure de la libération claironnée des peuples arabes, notamment par le gouvernement de l’État français ? Pourquoi d’un côté, le surgissement de cette toute puissance aux États-Unis, au nom de la Liberté ; de l’autre, l’effacement avec préméditation du Canada français, en toute négation de la Liberté ? Si de tels prodiges et une telle injustice ont été rendus possibles, ce ne saurait être sans une raison cachée, liée aux enjeux de la première guerre mondiale franco-anglaise dont la conquête de l’Amérique du Nord fut la cible principale au XVIIIe siècle. Il s'est alors créé une terrible machine de conquête, exclusive et inexorable, partie des États-Unis pour une domination mondiale.

À l’évidence, c’est cette raison cachée persistante, à l’origine de la guerre de conquête du Nouveau monde puis de l’Europe qui se prolonge de nos jours, à nos yeux aveuglés – sous le masque contrefait de la Philanthropie et de la Liberté – après deux guerres mondiales d’une barbarie sans précédent, pour opposer aujourd’hui son obstacle formidable à l’Indépendance du Canada français.

C’est par un sens prémonitoire étonnant que la clef de cette raison cachée a été inscrite par avance dans la devise de Québec : « Je me souviens ». Assurément, cette devise invite les générations futures à décrypter l’histoire héroïque de la Nouvelle France pour y trouver le fil d’Ariane de son Indépendance – culturelle, politique et économique –, au moment précis du plus grand danger pour la préservation de sa mémoire dans la jeunesse, et pour relever ainsi le défi lancé à la Liberté, à la Justice et à la Démocratie, par l’étonnante situation coloniale du Canada français.

L’indépendance du Québec est une condition de survie. L’avenir de ce grand défi mondial de Civilisation, pour l’intelligence, le courage et la volonté de la nouvelle génération de Français, qu’ils soient du Canada ou de France, appartient aux forces de la mémoire et de l’esprit. Le moment est venu de briser le « verrou » des « grands efforts de contrainte et de séduction » que, durant plus de trois siècles, les Britanniques n’ont cessé de déployer « pour amener les français canadiens à renoncer à eux-mêmes[4] » dans le cadre de ce que François Mitterrand n’a pas craint d’appeler, pour nous alerter : « une guerre inconnue, permanente, sans mort apparente, et pourtant une guerre à mort ». En préalable à l’Indépendance, pour rendre visible cette guerre sans nom, le premier défi à relever est donc celui de l’Intelligence. Ensuite, comme le relevait le Général de Gaulle, la condition « dont dépend la solution de ce grand problème [ de l’indépendance du Canada français ], c’est que la solidarité de la communauté française de part et d’autre de l’Atlantique s’organise » et que, les deux peuples français, de France et du Canada, suppléant à la carence de leurs gouvernement respectifs, prennent enfin en main leur propre destin pour donner l’impulsion nécessaire au plein succès de cette grande œuvre réparatrice et fondatrice du XXIe siècle, inscrite dans l’idéal de la Nouvelle France.

 


[1] Le syndrome de l’ortolan,  A.-A. Upinsky,  Ed. F.-X. de Guibert,  1997.

[2] Conférence de presse du Général de Gaulle du 27 novembre 1967

[3] Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours,  tome troisième, livre IX, chapitre 1. F.-X. Garneau, Québec, Imprimerie de Fréchette et Frère, rue de la Montagne, n°13, 1848.

[4] De Gaulle, le 27 novembre 1967