Takashi Murakami va faire souffler l'esprit manga chez Louis XIV à l'automne
09.06.2010, 09h10
Le plasticien japonais Takashi Murakami fera souffler à l'automne l'esprit manga chez le Roi-Soleil, avec vingt-deux œuvres installées dans les appartements royaux et le jardin du Château de Versailles.
Ce sera la première fois que cet artiste japonais très célèbre sera présenté par une institution culturelle nationale française, a souligné Jean-Jacques Aillagon, le président de l'établissement public du musée et du domaine de Versailles.
Cette exposition, en forme de "clin d'œil", se déroulera du 14 septembre au 12 décembre. Son coût sera de 2,5 millions d'euros, essentiellement financé par le Qatar. "Cela ne pèsera pas sur les comptes de l'établissement", a indiqué M. Aillagon, qui a appris il y a quelques jours sa reconduction à la tête de l'institution.
"Louis XIV attend avec beaucoup d'impatience l'exposition de vos œuvres", a assuré Jean-Jacques Aillagon à l'artiste, devant des journalistes.
"Takashi Murakami peut être qualifié d'artiste pop ou post-pop art. J'ai toujours été persuadé que Versailles était une vaste invention du pop art", a considéré l'ancien ministre de la Culture.
"Le château de Versailles est un monstre international. Takashi Murakami l'est également", a-t-il poursuivi. Tous deux sont "des machines à inventer et à diffuser des images".
Takashi Murakami, qui est né en 1963 à Tokyo, a confié sa "joie de pouvoir exposer" son travail à Versailles.
"Ma génération a été marquée par le manga super fameux +La Rose de Versailles+", qui se passe au moment de la Révolution française, a expliqué l'artiste, aux fines lunette rondes et aux cheveux relevés en un petit chignon.
"Le manga est un art populaire, né dans la pauvreté et pas encore très reconnu au Japon", a déclaré Murakami, en japonais. "Marier les chefs d'œuvres de Versailles avec ce type d'art me paraît être une confrontation très intéressante", a-t-il dit.
Le plasticien a découvert le vrai Versailles il y a trois ans. Ca été un "choc" de voir ce château, "construit pour l'art et la culture" et non pour la guerre, a expliqué l'artiste, dont le travail est suivi depuis quinze ans par le galeriste parisien Emmanuel Perrotin.Murakami a confié avoir eu au départ "l'idée un peu folle" d'inviter au château la comédie musicale "La Rose de Versailles" inspirée du manga. "Cela aurait été trop complexe et trop coûteux", a déclaré M. Aillagon.
L'exposition présentera essentiellement des sculptures mais aussi une vidéo, deux peintures et une moquette. La plupart n'ont jamais été montrées en France et huit ont été conçues spécialement pour l'occasion, a précisé Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou-Metz et commissaire de l'exposition.Un grand "Mister Pointy" attendra les visiteurs dans le Salon d'Hercule, un Boudha ovale en argent siègera dans le Salon de l'Abondance, une sculpture "Flower Matango", en cours de réalisation, se mesurera à la magnificence de la galerie des Glaces, un Boudha ovale en bronze doré à la feuille trônera sur la terrasse, tourné vers la soleil couchant.
Les sculptures ont été sélectionnées afin qu'elle ne choquent pas le public familial de Versailles. Pas d'œuvre pornographique en vue, comme en produit parfois l'artiste.Les organisateurs veulent éviter la polémique qui a entouré l'exposition de l'artiste américain Jeff Koons au Château de Versailles en 2008. La présence de l'ancien époux de la Cicciolina, star du porno italien, chez Louis XIV avait déclenché les protestations de traditionnalistes.