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Polémique manga au château de Versailles

Alors que l’exposition Veilhan se termine ce week-end à Versailles, celle de son successeur, Takashi Murakami, fait déjà polémique. Ses dessins mangas devraient en froisser plus d’un.

Matthieu Suc | 12.12.2009, 07h00

L’exposition du Japonais Takashi Murakami au château de Versailles n’est programmée qu’à l’automne 2010, mais elle promet déjà de faire du bruit. D’abord parce que les dizaines de milliers de curieux qui se sont précipités à celle de Jeff Koons ont toutes les raisons de venir admirer un autre artiste contemporain majeur. En septembre dernier, ils étaient ainsi quelque 40 000 à défiler dans une galerie parisienne pour admirer les œuvres du maître japonais. Surtout, son exposition au château, comme celle de Koons, ne manquera pas de susciter la polémique. Elle a même déjà commencé.

Car, à travers ses peintures et sculptures, Murakami mélange l’art traditionnel japonais, le manga et le pop art avec une dose certaine de kitsch et de provocation, comme avec cette bimbo faisant sortir un tourbillon de lait de sa poitrine pantagruélique ou cet adolescent se caressant. De quoi faire bondir les tenants de la tradition Grand Siècle versaillaise.

« Plein d’œuvres classiques ne sont pas montrées à cause de leur ambiguïté, ce sera pareil pour Murakami »

Reste que le château se veut tout à la fois rassurant et catégorique. « On n’exposera pas d’œuvres pornographiques dans un château ouvert aux moins de 18 ans. Plein d’œuvres classiques ne sont pas montrées à Versailles à cause de leur ambiguïté, ce sera pareil pour Murakami », promet Laurent Brunner, le patron de Château de Versailles Spectacles.

Mais les détracteurs ont d’autres arguments à faire valoir. Murakami figure dans l’écurie du galeriste Emmanuel Perrotin, tout comme Xavier Veilhan, actuellement exposé au château. Auparavant, Koons avait fait lui aussi débat dans la mesure où Jean-Jacques Aillagon, le président du Domaine de Versailles, est un ancien salarié de l’homme d’affaires François Pinault, mécène principal de l’exposition et collectionneur de Koons et Murakami. Fin octobre, le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers s’est insurgé dans un communiqué de presse : « Le château de Versailles ne doit pas servir à aider les copains. » Et Bernard Hasquenoph, le responsable de Louvrepourtous.fr, un site Internet qui défend les visiteurs des musées, enfonce le clou dans une tribune, intitulée : « Un Koons de Versailles en vente chez Pinault », à propos des liens entre Aillagon, François Pinault et le choix des artistes exposés. Ce qui lui vaut une réponse du président du château sur son propre blog. Jean-Jacques Aillagon fustige Hasquenoph, « qui laisse entendre que je pourrais faire des choix de programmation soumis à des objectifs de complaisance ». Laurent Brunner surenchérit : « On ne sert la soupe à personne. Nous choisissons des artistes en vue. Il se trouve que Pinault est un des plus grands collectionneurs au monde et Perrotin l’un des plus grands galeristes… »

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